L'impératif du 21e siècle : protéger la biodiversité

Greenscope
octobre 2023
-
8 minutes de lecture
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Concept fondateur des sciences naturelles, la biodiversité a toujours été le parent pauvre des combats environnementaux et n'a trouvé que récemment sa place sur la carte politique. Il est donc intéressant de s'y intéresser à travers le concept de services écosystémiques pour montrer les défis auxquels elle est confrontée.

S'y retrouver dans la définition des services écosystémiques

Les services écosystémiques, soit les bénéfices tangibles et intangibles que nous retirons de la biodiversité, jouent un rôle essentiel dans notre bien-être et notre survie. On peut distinguer quatre grandes catégories qui interviennent dans nos interactions avec la nature :

  • Les services d'approvisionnement, soit la disponibilité des ressources naturelles (production alimentaire, pêche, bois, accès à l'eau, etc.)
  • les services de régulation, qui permettent aux écosystèmes de résister aux perturbations (purification de l'air et de l'eau, atténuation des catastrophes naturelles, stockage du CO2 par les forêts...)
  • les services socioculturels liés à notre relation émotionnelle avec la nature (loisirs, spiritualité, éducation...). Les écosystèmes jouent un rôle important dans notre bien-être mental et spirituel en fournissant un cadre à nos limites physiques (ce que ressent l'alpiniste ou le marin devant un sommet ou une tempête). 
  • Les services de soutien, soit les processus à long terme qui assurent le bon fonctionnement de la biosphère : photosynthèse, formation des sols, cycle des nutriments...

Mesurer notre impact, première étape pour changer de modèle

Malheureusement, alors que les écosystèmes continuent d'influencer notre vie, nous les dégradons de plus en plus rapidement, par l'artificialisation des sols, l'infiltration des eaux usées... Pour relever ces défis, des stratégies de conservation et de gestion durable sont nécessaires. Il s'agit d'évaluer notre impact et de mettre en place des pratiques individuelles et publiques pour protéger la biodiversité.

La première étape est donc de mesurer notre impact, mais cela est complexe en raison des multiples interactions de l'homme avec ses écosystèmes. La France est en pointe avec le Global Biodiversity Score, développé par CDC Biodiversité et l'OFB, qui permet de quantifier l'impact de notre activité économique sur la nature. Le SGB utilise une unité de mesure innovante, la "MSA par km²" (Mean Species Abundance), pour quantifier la surface affectée par une activité économique.

Concrètement, une MSA.m² représente la conversion d'un mètre carré d'espace naturel non perturbé (par exemple une forêt primaire) en un espace totalement artificiel (par exemple un parking goudronné). Le SGB vous fournit donc l'espace naturel fictif que votre entreprise artificialise. Pour ce faire, le GBS transforme vos données de consommation et d'émissions en MSA.m² à partir d'une métabase de données.

Greenscope utilise une autre norme MSA dans son outil de calcul de l' empreinte biodiversité des entreprises (CBF). Celui-ci modélise l'impact des entreprises sur la biodiversité à travers quatre pressions environnementales clés : le changement d'affectation des sols, le changement climatique (gaz à effet de serre), la pollution de l'air et la pollution de l'eau. L'avantage de cet outil est son approche opérationnelle et réaliste, qui permet d'élaborer des plans d'action plus concrets.

Alors que l'ABG et le CBF évaluent l'impact de l'entreprise sur la biodiversité, d'autres se concentrent sur la capacité de l'entreprise à s'adapter aux changements écologiques. C'est le cas du projet Encore (Exploring Natural Capital Opportunities, Risks and Exposure), développé par la Natural Capital Finance Alliance en collaboration avec le PNUE-WCMC, un programme des Nations unies pour l'environnement.

Il répertorie 21 services écosystémiques dont dépendent les entreprises pour mener à bien leurs activités et nous permet de calculer notre dépendance à l'égard de chacun de ces services. Cette analyse qualitative de notre dépendance aux services écosystémiques nous permet d'estimer l'exposition de notre portefeuille ou de notre activité à la perturbation et à la raréfaction d'un ou de plusieurs services écosystémiques.

Tendances notables dans la gouvernance récente de la biodiversité

La reconnaissance croissante de ces normes d'évaluation est une bonne nouvelle pour la gouvernance de la biodiversité, qui a longtemps souffert d'un manque de couverture médiatique. En effet, malgré l'urgence de la question - sur les 8 millions d'espèces végétales et animales recensées, 1 million sont menacées d'extinction - la COP sur la biodiversité fait peu parler d'elle par rapport à la COP sur le climat.

Cependant, le dernier, celui de Montréal en 2022, a donné naissance à l'accord Kunming-Montréal, qui fixe un objectif global de protection de 30 % de la planète, de restauration de 30 % des écosystèmes, de réduction de moitié des risques liés aux pesticides et de doublement du financement mondial pour la conservation de la nature.

De manière plus pragmatique, l'intégration de la biodiversité dans les pratiques commerciales est un impératif économique et environnemental pour les entreprises. Celles qui peuvent mesurer et réduire leur impact sur la biodiversité grâce à de tels outils seront mieux placées pour prospérer dans un monde où la conservation est devenue une priorité absolue.

Cette étude alarmante de l'IPBES sur la dépendance entre l'économie et la biodiversité en témoigne : "la dégradation des sols a réduit de 23 % la productivité de l'ensemble de la surface terrestre mondiale ; une partie de la production agricole annuelle mondiale, dont la valeur marchande peut atteindre 577 milliards de dollars, est confrontée au risque d'extinction des pollinisateurs et 100 à 300 millions de personnes sont exposées à un risque accru d'inondations et d'ouragans en raison de la perte d'habitats côtiers et de leur protection".

Concept fondateur des sciences naturelles, la biodiversité a toujours été le parent pauvre des combats environnementaux et n'a trouvé que récemment sa place sur la carte politique. Il est donc intéressant de s'y intéresser à travers le concept de services écosystémiques pour montrer les défis auxquels elle est confrontée.

S'y retrouver dans la définition des services écosystémiques

Les services écosystémiques, soit les bénéfices tangibles et intangibles que nous retirons de la biodiversité, jouent un rôle essentiel dans notre bien-être et notre survie. On peut distinguer quatre grandes catégories qui interviennent dans nos interactions avec la nature :

  • Les services d'approvisionnement, soit la disponibilité des ressources naturelles (production alimentaire, pêche, bois, accès à l'eau, etc.)
  • les services de régulation, qui permettent aux écosystèmes de résister aux perturbations (purification de l'air et de l'eau, atténuation des catastrophes naturelles, stockage du CO2 par les forêts...)
  • les services socioculturels liés à notre relation émotionnelle avec la nature (loisirs, spiritualité, éducation...). Les écosystèmes jouent un rôle important dans notre bien-être mental et spirituel en fournissant un cadre à nos limites physiques (ce que ressent l'alpiniste ou le marin devant un sommet ou une tempête). 
  • Les services de soutien, soit les processus à long terme qui assurent le bon fonctionnement de la biosphère : photosynthèse, formation des sols, cycle des nutriments...

Mesurer notre impact, première étape pour changer de modèle

Malheureusement, alors que les écosystèmes continuent d'influencer notre vie, nous les dégradons de plus en plus rapidement, par l'artificialisation des sols, l'infiltration des eaux usées... Pour relever ces défis, des stratégies de conservation et de gestion durable sont nécessaires. Il s'agit d'évaluer notre impact et de mettre en place des pratiques individuelles et publiques pour protéger la biodiversité.

La première étape est donc de mesurer notre impact, mais cela est complexe en raison des multiples interactions de l'homme avec ses écosystèmes. La France est en pointe avec le Global Biodiversity Score, développé par CDC Biodiversité et l'OFB, qui permet de quantifier l'impact de notre activité économique sur la nature. Le SGB utilise une unité de mesure innovante, la "MSA par km²" (Mean Species Abundance), pour quantifier la surface affectée par une activité économique.

Concrètement, une MSA.m² représente la conversion d'un mètre carré d'espace naturel non perturbé (par exemple une forêt primaire) en un espace totalement artificiel (par exemple un parking goudronné). Le SGB vous fournit donc l'espace naturel fictif que votre entreprise artificialise. Pour ce faire, le GBS transforme vos données de consommation et d'émissions en MSA.m² à partir d'une métabase de données.

Greenscope utilise une autre norme MSA dans son outil de calcul de l' empreinte biodiversité des entreprises (CBF). Celui-ci modélise l'impact des entreprises sur la biodiversité à travers quatre pressions environnementales clés : le changement d'affectation des sols, le changement climatique (gaz à effet de serre), la pollution de l'air et la pollution de l'eau. L'avantage de cet outil est son approche opérationnelle et réaliste, qui permet d'élaborer des plans d'action plus concrets.

Alors que l'ABG et le CBF évaluent l'impact de l'entreprise sur la biodiversité, d'autres se concentrent sur la capacité de l'entreprise à s'adapter aux changements écologiques. C'est le cas du projet Encore (Exploring Natural Capital Opportunities, Risks and Exposure), développé par la Natural Capital Finance Alliance en collaboration avec le PNUE-WCMC, un programme des Nations unies pour l'environnement.

Il répertorie 21 services écosystémiques dont dépendent les entreprises pour mener à bien leurs activités et nous permet de calculer notre dépendance à l'égard de chacun de ces services. Cette analyse qualitative de notre dépendance aux services écosystémiques nous permet d'estimer l'exposition de notre portefeuille ou de notre activité à la perturbation et à la raréfaction d'un ou de plusieurs services écosystémiques.

Tendances notables dans la gouvernance récente de la biodiversité

La reconnaissance croissante de ces normes d'évaluation est une bonne nouvelle pour la gouvernance de la biodiversité, qui a longtemps souffert d'un manque de couverture médiatique. En effet, malgré l'urgence de la question - sur les 8 millions d'espèces végétales et animales recensées, 1 million sont menacées d'extinction - la COP sur la biodiversité fait peu parler d'elle par rapport à la COP sur le climat.

Cependant, le dernier, celui de Montréal en 2022, a donné naissance à l'accord Kunming-Montréal, qui fixe un objectif global de protection de 30 % de la planète, de restauration de 30 % des écosystèmes, de réduction de moitié des risques liés aux pesticides et de doublement du financement mondial pour la conservation de la nature.

De manière plus pragmatique, l'intégration de la biodiversité dans les pratiques commerciales est un impératif économique et environnemental pour les entreprises. Celles qui peuvent mesurer et réduire leur impact sur la biodiversité grâce à de tels outils seront mieux placées pour prospérer dans un monde où la conservation est devenue une priorité absolue.

Cette étude alarmante de l'IPBES sur la dépendance entre l'économie et la biodiversité en témoigne : "la dégradation des sols a réduit de 23 % la productivité de l'ensemble de la surface terrestre mondiale ; une partie de la production agricole annuelle mondiale, dont la valeur marchande peut atteindre 577 milliards de dollars, est confrontée au risque d'extinction des pollinisateurs et 100 à 300 millions de personnes sont exposées à un risque accru d'inondations et d'ouragans en raison de la perte d'habitats côtiers et de leur protection".

Greenscope
octobre 2023
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8 minutes de lecture